C’est le moment.
C’est le moment ou jamais
C’est le moment ou jamais de se relier à tout ce que nous avons appris, compris, expérimenté, et de le faire vivre concrètement, avec le plus d’intelligence possible dans l’esprit du coeur. L’entraînement n’est jamais terminé. Il a lieu partout où nous emmenons la lampe de notre pleine conscience et la laissons allumée.
Cela fait combien de temps que vos fesses n’ont pas vu le bord d’un coussin? Prétextant le manque de temps, ou l’impossibilité de relier sa vie mondaine à sa nature spirituelle, c’est-à-dire à l’espace calme et paisible, à la respiration vivante qui nous connecte à tout et à tous, nous avons oublié. Prétextant le manque de temps, nous oublions que la mort n’a jamais lieu un jour mais est toujours là depuis le début.
En plus de la pandémie virale, ne nous laissons pas aller à la pandémie de l’ignorance et de l’égoïsme. Non nous ne serons pas plus fort que. A délaisser l’essentiel nous nous retrouvons face à de douloureux rappels. Oui l’impermanence, la maladie, la vieillesse et la mort n’arrivent pas un jour, elles ont toujours été avec nous, ce sont nos compagnes de pratique. Et si nous prenons en compte ces rappels chaque jour même quelques minutes, alors nous resterons vigilant à prendre soin, à ne pas être dans le déni, et même au contraire à être disponible pour protéger la vie, trouver de nouvelles solutions. Car qui est conscient de la fragilité et de la préciosité de la vie apprécie chaque instant comme s’il était le premier et le dernier. Et dans cette appréciation il y a beaucoup de lucidité et de moyens mis en oeuvre pour soulager la souffrance. Bien sûr personne n’a la solution parfaite, et les choses sont complexes mais il ne faut pas s’étonner que des catastrophes arrivent quand elles nous pendaient au nez. Alors, que pouvons nous faire là où nous sommes pour réellement aider?
Nul besoin d’être dans les extrêmes et les réactivités. Essayons plutôt d’apprendre quelque chose de tout cela et d’exercer notre bienveillance étendue à tous les champs de force en présence aujourd’hui, qui incluent tous les pays, tous les êtres, de tous les âges, de toutes les conditions. Agissons. Ermitisons nous. Faisons vivre l’ermite que nous avons toujours voulu être et que trop de confort nous empêchait de réaliser. Bien sûr ce n’est pas le confort en lui-même mais notre attachement à celui-ci qui est la difficulté, le mal-être. Le confort nous l’apprécions, la sécurité nous l’apprécions, mais l’attachement et l’intolérance à l’absence de ce qu’on croit définitivement acquis nous renvoient à beaucoup de fermeture sur nous-même et nos privilèges.
Plus d’excuses, sortons de la mollesse. Que nous pratiquerons quand les conditions seront favorables à nos attachements fait doucement rigoler tous les virus de la terre. Dans toute chose, il y a toujours une bonne et une mauvaise nouvelle, tout dépend de qui regarde et du moment. Etre solidaire c’est penser en globalité plus loin que le bout de ses chaussures interdites de sortie, à comment apporter notre aide. Il y a l’aide formidable de toutes celles et ceux qui oeuvrent déjà sur place, et il y a comment les soutenir, dans les liens invisibles totalement enracinés dans la gratitude, et la pratique énergique et détendue du coeur. Pratiquons la petite lampe de la conscience toujours allumée.
Et agir. Agir en ermite. Agir dans le non agir. L’ermite n’est pas coupé du monde. Il s’y relie de l’intérieur pour y apporter sa lumière, une lumière fraternelle et co-naissante. Rester chez soi, c’est faire preuve de patience, renoncer à être pour soi pour inter-être avec d’autres, et cela au-delà des frontières. Eclairons-nous les uns les autres. Laissons aller la sentimentalité pour faire face à la réalité dans une vision plus large, au paradigme d’une conscience qui ose lâcher le connu des habitudes, des certitudes, des revendications.
Rester chez soi, c’est faire retraite nécessaire certes mais nous pouvons aussi décider de la choisir en y infusant un virus d’amour inconditionnel, à diffuser largement celui-ci pour ses innombrables bienfaits, même de loin. On peut pratiquer Sangyé Menla, Tara, Tchenrézi ou simplement rester dans la nature de ce qui est, relié à tous les champs du vivant. Quoi de plus concret pour développer la pleine conscience que d’avoir à observer tout ce que nos mains touchent ou que d’autres ont touché, d’exercer sa vigilance dans les moindres détails, de nettoyer ses poignées de porte, de tenir la distance avec d’autres. Et tout cela avec la conscience amicale que nous le faisons pour tous. Nous avons à nous croiser? rien ne nous empêche de sourire. N’est-ce pas le plus court chemin d’un être à un autre, selon je ne sais plus quel dicton? Saluons le bébé de sagesse en chacun en unissant nos mains. Il y a tellement de belles salutations. A nous de les mettre au goût du jour. Il y a tellement de créativité et d’humour, à voir sur les réseaux sociaux tout ce déferlement. Et il y a l’autre face de la pièce, bien entendu, qui fait moins rire, ainsi va l’existence. Et au-delà?
En ces temps incertains, créons ces réseaux, cette sororité-fraternité des faisceaux du coeur recentrés sur l’essentiel, au quotidien. Soutenons nous les uns les autres dans la pratique et l’échange, avec les moyens de communication à notre disposition. Il est bon de pouvoir faire quelque chose. Et parfois agir c’est accepter de renoncer à son confort et dans l’inconfort trouver le confort d’un coeur qui ne doute pas de sa puissance, de sa douceur, de sa patience, de sa force à long terme. Rester tous unis pour continuer à vivre et à tirer leçon de nos inconsciences et de nos erreurs. Vivre aussi pour juste apprécier la vigoureuse simplicité d’un inspir, sous le chant d’un oiseau dansant dans le ciel. Et merci pour la pierre sur laquelle mon pied bute et m’oblige à débuter un nouveau pas. Finalement nous prenons conscience de tous ces petits détails que l’on ignorait jusqu’ici, combien le monde est beau, combien nous apprécions la vie. Alors en ces temps reclus, méditez, écrivez, créez, montrez comme le coeur magnétise la non peur et offre de sa protection. La mort égalise, nous le savions déjà. Elle nous fraternise aussi.
S’ermitiser en conscience crée la connexion au coeur de tous les coeurs, cela nous avons peut-être encore à le découvrir, à la lueur d’une histoire de coronaires justement.
Merci à toutes celles et ceux qui oeuvrent par leur présence, leur temps offert, leurs compétences, leur générosité insatiable. Aidons les là où nous sommes, en rentrant doublement chez nous, sweet home à l’extérieur comme à l’intérieur. Et pensons aussi à toutes celles et ceux qui ne peuvent rentrer chez eux, délaissés, démunis, pour toutes sortes de raisons. Qu’ils soient plus que jamais le visage de notre compassion.
Pratiquons comme si notre vie, et inséparablement la vie de tous en dépendaient, car c’est précisément le cas aujourd’hui.
Que tout nous-vous soit propice, en l’inter-être naturel de la vie.
Les ateliers sont annulés mais je vous invite à me retrouver chaque semaine pour des vidéoclasses. Dates et heures à préciser, si vous êtes intéressé(e), laissez vos coordonnées à cette adresse.
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